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Financer la résilience climatique : un défi et une opportunité pour la science

Agir contre les effets du changement climatique est une tâche urgente. Les petits producteurs agricoles, qui fournissent la nourriture au monde entier, sont l’une des populations les plus vulnérables à la variabilité du climat. Renforcer la résilience des communautés rurales, c’est assurer un avenir durable à nos systèmes alimentaires.

L’humanité s’est fixé des objectifs ambitieux pour transformer les systèmes alimentaires dans un contexte de changement climatique ; ces objectifs doivent être liés à des sources de financement innovantes qui permettent une transformation rapide pour les atteindre. Le programme de recherche du CGIAR sur le Changement Climatique, l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS) a développé des méthodes et des outils scientifiques pour informer les investissements, les politiques et les modèles commerciaux qui soutiennent le déverrouillage du financement climatique pour l’adaptation.

Selon l’Organisation des Nations Unies (ONU), il existe un grand fossé dans le financement climatique. Il y a dix ans, il a été établi qu’à 2020, 100 milliards de dollars seraient collectés chaque année pour soutenir l’action climatique dans les pays en développement. Malheureusement, cet objectif n’a pas encore été atteint.

Un autre fait important indiqué par Carin Smaller, directrice d’Agriculture, Commerce et Investissement à l’Institut International du Développement Durable (IIDD) lors du séminaire politique « Financement de la transformation des systèmes alimentaires » organisé par l’Institut International de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI), c’est que 33 000 milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires jusqu’en 2030 pour atteindre les objectifs fixés dans l’accord de Paris d’éradiquer la faim et augmenter les revenus des petits producteurs, tout en maintenant la réduction des gaz à effet de serre.

C’est l’une des raisons pour lesquelles des organisations comme le CGIAR, par le biais de programmes de recherche comme le CCAFS, veulent mobiliser les flux de capitaux vers des investissements durables qui transforment les systèmes alimentaires par la science et l’innovation. En ce sens, nous avons développé, testé et évalué des interventions adaptées pour faire face aux effets climatiques qui sont prêtes à être mises à l’échelle et nous avons fourni une assistance technique misant à faire correspondre les investissements aux connaissances techniques afin d’atteindre le « dernier kilomètre » de la résilience climatique. Le programme CCAFS a mis au point des outils et des méthodes pour guider le développement de projets et a également facilité la mise en œuvre de partenariats inhabituels entre les scientifiques, les investisseurs et les bénéficiaires de ces investissements.

Pour garantir la disponibilité, l’accès et l’utilisation de méthodes de mesure permettant de suivre les progrès accomplis vers l’atteinte des résultats adaptés sur le plan climatique, nous avons également conçu et mis en œuvre des outils de pointe – sur mesure- pour l’évaluation des risques (spécifiquement conçus pour les opérations des investisseurs et des bénéficiaires d’investissements), ainsi que pour le suivi et l’évaluation d’impact.

Entre les exemples de notre travail nous pouvons citer l’élaboration d’une évaluation technique visant à identifier les principales vulnérabilités et menaces climatiques auxquelles sont confrontés les systèmes agricoles et les petits producteurs ruraux. Cette étude aidera le Fonds d’Adaptation des Petits producteurs Agricoles (SMAF) dirigé par AddValue, à investir un montant de 30 millions de dollars dans les petits producteurs agricoles dans sept pays d’Amérique Latine par le biais d’IMF.

En Afrique de l’Est, en collaboration avec l’Alliance de Bioversity International et du CIAT, nous développons un outil automatisé d’évaluation des risques pour les gestionnaires et les institutions financières nationales qui prêtent aux petits et moyens producteurs et aux entreprises agroalimentaires. Cet outil permettra d’évaluer les risques climatiques, les risques de production et les risques liés aux ressources naturelles pour les produits agricoles de base et les chaînes de valeur ciblées. En outre, pour faciliter les processus d’évaluation de crédit des potentiels clients mettant en œuvre l’agriculture intelligente face au climat (AIC), nous sommes en train de concevoir de bout en bout et en collaboration avec un gestionnaire d’actifs de premier plan, un outil de notation de crédit AIC qui sera intégré dans le processus d’évaluation de crédit du Fonds.

Ces méthodes et outils sont essentiels pour aider les institutions financières et les investisseurs à apporter leur contribution à travers la proposition d’investissements financiers intelligents face au climat, et pour atteinte les objectifs de résilience. Cependant, de nombreuses autres organisations doivent encore nous rejoindre pour qu’ensemble nous puissions soutenir la mise à l’échelle de l’agriculture intelligente face au climat et améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs, diversifier leurs revenus et renforcer l’adaptation au changement climatique grâce au travail conjoint de la science et de l’action.

Deissy Martínez Baron,

Latin American Regional Leader, CGIAR Research Program on Climate Change, Agriculture and Food Security (CCAFS)

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